*La certification qualité a été délivrée au titre des catégories d’actions suivantes :
actions de formation

Repost de mail de deux collègues du Haut-Rhin :

"Chers collègues,
Je me permets de m'adresser à vous pour un petit retour d'expérience de ce que nous traversons depuis 3 semaines d'épidémie COVID-19.
Les multiples appels téléphoniques que j'ai eus depuis 3 jours de collègues de l'ensemble du territoire semble montrer que l'importance de la situation semble totalement sous-estimée.
Nous sommes à plus de 15 jours de vraie phase épidémique dans le Haut-Rhin et plus précisément sur l’agglomération de Mulhouse,
Nous avons aujourd’hui dans l’établissement 130 lits dédiés COVID occupés, 25 patients COVID ventilés en réanimation
Plan blanc activé depuis le 7/3, déprogrammation de toutes les activités médicales et chirurgicales programmées
Ouverture de 8 lits de réa supplémentaires dans une SSPI
Ouverture de salle de régulation de crise depuis le 3/3 avec mise en place d’un SVI, délestage vers le SAMU 54 et 67
Depuis 3 jours nous sommes submergés aux urgences par un flux incessant de patients avec critères d’hospitalisation, AEG, hypoxémie importante, pneumopathies bilatérales… le taux d’hospitalisation après passage aux urgences est de 40% (avec un ralentissement de l’activité d’urgence conventionnelle flagrant)
L’ouverture des lits COVID ne suffit plus, et l’établissement est quasi à bout des moyens qu’il peut déployer. La solidarité des établissements périphérique (beaucoup plus petits en taille) s’organise doucement.
Les lits de réanimation de la région sont saturés, et impossible de trouver des respirateurs pour ouvrir de nouveau postes de réa
Depuis hier la mortalité dans les secteurs de gériatrie est majeure, et les cas symptomatiques dans les EHPAD très nombreux, occasionnant des difficultés / choix en régulation
J’ai réuni hier un collège de spécialistes (réa, infectio, med interne, pneumo, gériatre, urgentiste) afin de fixer des indications aux différentes filières, et plus clairement les critères (notamment d’âge) de limitation d’accès à la réa.
En 24 heures, nous avons une vingtaine de décès COVID + au sein de l’établissement.
Les équipes commencent à s’épuiser, avec un absentéisme qui grandit lié à des cas positifs, même si la solidarité est importante.
Durant ces 15 derniers jours, toutes les mesures que nous avons prises ont été dépassées et donc insuffisantes dans le journée même, tant la cinétique est rapide.
Il est primordial que chacun de nos établissements se prépare rapidement, et profite de cette période pour anticiper tous les problèmes liés à cette crise sanitaire sans précédent.
Merci d’insister par tous vos relais, pour que chacun puisse s’y prépare au mieux
Je reste à votre disposition 
Bien cordialement

 

"""A quelques kilomètres de ANONYMISE, je ne peux que renforcer ces propos que je trouve encore trop peu alarmistes, bien que déjà désespérants. 
Nous avons 2 à 3 jours de retard par rapport à Mulhouse, ce qui nous a servi considérablement, mais malgré les enseignements quotidiens fournis par leur situation et l'évolution du SAMU68, nous sommes dépassés par les évènements.
Plan Blanc déclenché le 11/3 alors qu'il y avait déjà eu une totale réorganisation des urgences, un renfort en personnel médical et paramédical, une extension des lits de réa, la création de zones COVID dédiées au sein de l'établissement, une réunion quotidienne de la Cellule de Crise depuis plus de 10 jours, ... toutes les décisions prises et les aménagements sont obsolètes et dépassés dans les 12 heures qui suivent, et pourtant nous étions très prévoyants. En permanence, il manque 25 à 30 lits de plus de ce qui est faisable à un temps T, pour prendre en charge les patients non pas dans des conditions correctes mais simplement dégradées. 
Les urgences ont l'habitude de travailler dans ces conditions dégradées, mais là nous sommes dans le dégradé du dégradé du dégradé, et nous attendons encore une dégradation croissante voire exponentielle pour les 15 jours à venir. 
La mobilisation du personnel tient pour l'instant, sur un fil, mais les éléments ne tiendront pas avec des COVID + chez les praticiens, les IDE et les familles des soignants, ce qui apparait clairement. 
Notre activité des urgences (habituellement à 148 passages/jour), a chuté de 45 % mais nous faisons dans cette activité 95% de COVID avec critères d'hospitalisation. Et en l'absence de critère de gravité, tous les patients sont réorientés vers leur MT sans même entrer dans les urgences. L'UHCD de 15 lits est notre zone COVID, ainsi que notre secteur de Médecine/Chirurgie, et Salle Tiède, SAUV1, ... 90% de nos surfaces aux urgences est COVID. A cela s'ajoute une zone COVID+ dans l'établissement, de 15 puis 30 lits, puis toutes les chambres seules de notre établissement (plus de 800 lits de MCO) sont COVID+ ou en attente de résultats. On attend une ouverture de 30 lits COVID+ pour lundi 13h, mais c'est excessivement loin, plus de 36 heures !!! Et mardi, ce sera plein.
Tous les patients en Réanimation Médicale sont COVID+, 90% en ventral ; les patients des secteurs de Soins Continus de médecine ou de chirurgie sont tous ventilés - les premiers patients ventilés en continue en SSPI apparaissent, c'est à dire au delà des 40 lits de réa disponibles ...
Même si le personnel médical et paramédical de nos urgences est formidable, et malgré un soutien indéfectible de notre direction, c'est le matériel qui manque : moins de 5 jours de stock en SHA, moins de 3 jours de stock en masques FFP2, moins de 4 jours de stock en masque chirurgical, plus de stock en surblouse, très peu de stock en lunettes, ... Et des perspectives de réapprovisionnement dans 6 à 8 semaines !!!!! Nous étions centre de référence NRBC (proximité de la Centrale de Fessenheim), mais là aussi, nos stocks fondent à vue d'oeil. 
Nous sommes au bout d'un système, il va falloir faire des choix sur nos critères d'admission, non seulement en réanimation, mais tout simplement dans une structure hospitalière. Tous nos décès de ce jour sont COVID+.
Pour vous donner un ordre d'idée de ce qui vous attend, hier matin, selon l'APM, sur environ 600 patients, 80% des patients Covid+ du Grand Est étaient en Alsace, avec 61,5% dans le Haut-Rhin et 18,5% dans le Bas-Rhin, 10% en Moselle et 2,4% dans le 54. 
Alors qu'en Alsace il y a un gros CH ou CHU tous les 30 à 50 km, les transferts au départ des urgences vers les réanimations sont pluri-quotidiens, avec parfois 160 km entre le CH et la réa qui dispose du précieux lit.
Préparez-vous, ainsi que vos personnels, à cette vague majeure. Il y avait un avant Covid-19, il y aura un après Covid-19 avec de très lourdes cicatrices. 
Bon courage à vous tous

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